L’inquiétude ronge peu à peu les rues commerçantes d’Aubenas. Depuis le mois de février, une vague de cambriolages secoue le cœur de la ville, laissant les commerçants sur les nerfs. Douze effractions en à peine quatre mois, des portes défoncées, des vitrines brisées, des caisses vidées. Et surtout, une ambiance devenue électrique, presque paranoïaque.
Marvin, gérant du bar l’Azuria, en a été victime à deux reprises. Malgré une alarme qui a fait hurler tout le quartier, les voleurs ont eu le temps de rester vingt-trois minutes à l’intérieur. « Tout le monde est sorti aux fenêtres, mais personne n’a appelé la police », souffle-t-il, amer. Autour de lui, les visages se ferment. « On se regarde en chien de faïence », constate-t-il, évoquant une atmosphère pesante et inhabituelle.
La liste des commerces ciblés ne cesse de s’allonger : boulangeries, bars, toiletteurs, pizzerias. Chez « Les gourmandises de Célia et Enzo », la porte vitrée n’est toujours pas réparée, rafistolée en urgence après deux effractions en un mois. « La première fois, on se dit que c’est pas de chance… la deuxième, on ne dort plus », confie Caroline, la vendeuse. Le préjudice est estimé à près de dix mille euros.
Face à la montée de l’angoisse, les autorités tentent de reprendre la main. La préfète de l’Ardèche, Sophie Elizeon, s’est rendue sur place avec la commissaire Berangère Lavenir. Des patrouilles supplémentaires ont été déployées, les images de vidéosurveillance analysées, et des prélèvements ADN sont en cours. Un Groupe de Partenariat Opérationnel (GPO) a été activé pour mieux coordonner les forces de l’ordre.
Mais sur le terrain, la peur reste palpable. « On a un peu peur d’être le prochain sur la liste », murmure une commerçante. Et si certains saluent les efforts des autorités, d’autres réclament un sursaut citoyen. « Il faut retrouver le réflexe d’appeler la police », insiste Marvin. Car tant que les auteurs courent toujours, les rideaux métalliques se ferment chaque soir dans la crainte du pire.
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